Crédit: Yerma Tun

Une sortie durable de la crise malienne, la partition des femmes

Plongé dans une crise multidimensionnelle depuis plus d’une décennie, le Mali tente à travers ses autorités qui se succèdent de ramener une stabilité. La complexité de la crise rend ainsi l’application des solutions proposées difficile. Et si la solution venait finalement du genre féminin ?

D’abord, nos mamans sont les plus touchées par cette crise. Vulnérables, les femmes et les enfants sont les plus impactés par la situation sécuritaire inédite que traverse le pays. Le dernier déplacement massif des populations en date conforte ces statistiques. A la date du 31 mars 2023, 3500 hommes ont été accueillis à Ménaka contre 3997 femmes. Tenez-vous bien, les enfants déplacés sont au nombre de “27 152” à la même date selon le colonel major Issa Timbiné, gouverneur de la région de Ménaka. Il dénombre 14 464 filles parmi eux. “Les femmes et les enfants ont besoin d’aide en nourritures, en soins, et même en abris”, conclut-il.

Par ailleurs, dans une note publiée aussi en mars 2023, le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) déplore près de huit mille déplacés entre février et mars. Ces personnes ont fui des affrontements entre groupes terroristes à Ménaka et à Kidal. “La plupart de ces personnes sont des femmes et des enfants”, ayant de forts besoins humanitaires.

La femme, une école de paix

Nous souffrons plus et notre implication peut être une solution”, nous a témoigné Balkissa Dicko. Elle explique avoir fait un long trajet à pied avant de trouver refuge à Mopti, puis à Faladié dans la capitale malienne.

Puisqu’elles sont au centre des difficultés liées à cette insécurité, des spécialistes estiment qu’elles peuvent aussi être la solution. Kadiatou Keïta, analyste sécuritaire, souligne l’importance de donner plus de place à la femme dans toutes les initiatives qui visent le retour de la paix. Pour elle, “la femme peut aider”, elle a un mental fort et n’est plus dans la victimisation. La femme est la conseillère incontournable de l’Homme. Elle peut être actrice des discussions et d’entente, souligne la spécialiste.

Les activités génératrices de revenu sont aussi source de stabilité” ajoute l’experte. La contribution économique des femmes et jeunes filles permet de diminuer l’enrôlement des jeunes dans des groupes extrémistes. Madame Kadiatou Keïta estime qu’il est temps que les autorités fassent encore plus confiance à l’expertise féminine. Ainsi, l’autonomisation des femmes, notamment rurales devient une obligation.

Le champ n’est plus que souvenir

Un camp des déplacés internes à Mopti

Déplacée de Boukiwèrè dans le cercle de Macina, Mah est actuellement à San. Les larmes aux yeux, elle nous explique son calvaire. “J’avais un jardin dans lequel je cultivais plusieurs variétés de légumes”. Elle poursuit, « De notre champ, nous récoltions nos vivres de l’année. Mais aujourd’hui, le champ n’est plus que souvenir« , regrette-t-elle.

Par ailleurs, la coordinatrice des associations et ONG féminines du Mali (CAFO) se dit confiante. Mme N’Diaye Henriette Dembélé lance un appel aux autorités. “Il y a certes des avancées, mais le gouvernement doit faire encore plus”. La loi 052 doit être une base de décision à chaque instant affirme la chargée des collectivités décentralisées au sein de la coordination nationale. Ensuite, elle insiste sur la promotion des femmes aux hautes fonctions de l’Etat. Notons que la loi 052 est un texte de décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives au Mali.

Enfin, ces femmes, urbaines comme rurales, se disent prêtes à relever les défis. A cet effet, elles demandent juste la possibilité de s’exprimer. Et ce n’est possible, selon elles, que si elles sont impliquées davantage dans la prise de décisions. Surtout en ce qui concerne la paix et le vivre-ensemble.

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Auteur·e

maiga

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