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Fête de l'indépendance : le Mali avance à sa manière

Cela paraîtra étrange pour certains de concevoir que le Mali avance, tandis que d’autres seront d’accord avec cette affirmation. Nous avançons dans certains domaines. Bonne fête de la dépendance

22 septembre 1960, 22 septembre 2020. Mon pays avance. Il avance tellement qu’il est l’un des pays les plus pauvres et les plus endettés. Ne soyez pas surpris, c’est une avancée considérable d’être dans la liste aussi spéciale que celle des pays dépendants. Les diplomates pensent qu’il faut plutôt dire que c’est un pays en développement.

Néanmoins, revenons à nos ‘’moutons’’, comme le disent certains. L’avancée fulgurante du Mali n’est plus à prouver : en matière d’inquiétude, d’insécurité, de corruption, de laxisme ou d’affairisme, le Mali est l’un des meilleurs. Certains se demanderont en quoi c’est une avancée. Pour d’autres, qui ont les bouches pleines et qui mangent à chaque nouveau régime, c’est bien cela.

Le Malien a un paradoxe qui est paradoxalement paradoxal. Pour lui, tout va bien tant qu’il gagne son pain, même si le pays en souffre. Mais si le vent change de direction, alors il défendra comme par magie son pays et deviendra porte-parole du peuple.

Soixante ans de répétition

Alors que la conquête du savoir et de l’innovation occupe d’autres populations dans le monde, le Malien, quant à lui, chante toujours la même chanson : « Aurevoir untel, et vive celui qui le remplace !’’

Saviez-vous que les Maliens ont applaudi le CMLN (Comité militaire de libération nationale) de Moussa Traoré ? Le peuple qui a dansé avec fierté à la proclamation de l’indépendance a aussi dansé pour accueillir la dépendance.

« La population descend dans les rues, arrachant les branches des arbres de l’indépendance (maliyirini) qu’elle brandit en l’air en criant ‘Vive la liberté‘. »

Au lendemain du coup d’État du 19 novembre 1968 s’est tenue une fête dans la capitale malienne et un peu partout au Mali, d’après les souvenirs de plusieurs personnes âgées que j’ai interrogé. Les ouvrages en parlent aussi. À l’instar d’une œuvre de Bintou Sanankoua, intitulé « La chute de Modibo Keïta » paru dans la collection d’histoire Afrique contemporaine de Ibrahima Baba Kaké :

« Le mercredi 20 novembre est une journée folle à Bamako. Le délire s’empare de la ville en état de choc. La population descend dans les rues, arrachant les branches des arbres de l’indépendance (maliyirini) qu’elle brandit en l’air en criant ‘Vive la liberté’, ‘Vive le Comité militaire de libération nationale’, ‘Vive l’armée’, ‘À bas la milice’, ‘ À bas Modibo’, tout cela dans un tonnerre de klaxon de voiture qui assourdit littéralement toute la ville. » Tels ont été les mots utilisés par l’historienne.

Le changement de dirigeant ne suffit pas, il faut un changement de mentalité

Il est indéniable que les Maliens sont d’accord sur un point. Nous savons tous que le changement est primordial, mais pas seulement de dirigeants. Pour solutionner nos problèmes, il nous faut un changement de mentalité.

Après avoir glorifié Moussa Traoré au détriment du père de l’indépendance, les Maliens ont applaudi Amadou Toumani Touré, avant qu’il fuie deux décennies plus tard. C’est encore nous, Maliens, qui avons élu et réélu Ibrahim Boubacar Keïta, avant d’acclamer le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) pour l’avoir fait démissionner.

Ainsi, d’année en année, les mêmes erreurs sont commises et se répètent. Le changement de mentalité tarde à venir. Le renouveau est chanté, mais personne ne veut donner l’exemple du changement. Le pays avance vers la catastrophe d’un trou obscure, noirci par la corruption, l’injustice sociale et l’insécurité.

En conséquence, les écoles ferment, le tissu social se déchire, la méfiance s’installe, le système sanitaire est en péril, l’économie est à terre et le pays sombre dans un chaos.

Alors, chers compatriotes, Maliennes et Maliens, si nous voulons le changement, changeons ! Chacun de nous sait ce qui peut nuire à notre bien commun. Bonne fête !

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Auteur·e

maiga

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