Crédit: Dramane Maïga

Violence basée sur le genre : qui est votre Mariam ?

Affectueusement appelée Marie pour les intimes, Mariam est une dame de 22 ans. Elle est mariée et a un enfant de moins d’un an. Seule belle fille d’une famille nombreuse, cette dame ne compte que sur ses forces pour mener à bien ses corvées. Elle nous plonge dans sa routine, particulièrement pénible en ce mois de ramadan. Il y en a certainement dans plusieurs de nos familles. Alors, qui est votre Mariam ?

« Je me suis marié il y a deux ans, mes beaux-parents sont très exigeants, mes beaux-frères aussi. Les plus jeunes partent tous à l’école. » C’est en larmes que Mariam nous explique son calvaire en deux ans de mariage.

Aussi, soulignons qu’elle n’est pas instruite. Elle était obligée de quitter sa famille. Fille d’une zone rurale, elle rejoint son époux dans l’immense ville de Bamako, fin 2019.   

Un traumatisme émotionnel et physique

 « C’est mon troisième ramadan chez mon mari. Mais un mois avant chaque ramadan, mon cœur bat tellement fort que j’en tombe malade. » Mariam nous décrit ainsi son angoisse. D’habitude, ses travaux ménagers commencent à 5 h du matin, explique-t-elle. Cependant, pendant les ramadans ou le mois de carême, le programme est deux fois plus chargé. Il faut préparer l’aube (le Souhr), sans oublier la rupture. « On dirait que j’ai été mariée pour les travaux ménagers de cette famille », déplore la bonne-dame. Informés, ses parents estiment que cette douleur représente la beauté et l’utilité de la femme.  

Un dimanche soir vers 17 h, le dîner étant déjà prêt, elle est toujours en cuisine. Mariam prépare des mets légers et du Kenkéliba pour la rupture. « Juste après, je vais vite faire le jus, et régler les petits détails avant que monsieur ne revienne. » Je vois une Mariam très épuisée, car elle est aussi en jeûne. Son époux était au grin pour jouer aux cartes avec ses amis, nous a-t-elle confié.

A la question de savoir si elle ne va pas se laver, la réponse de Mariam donne la chair de poule. « Je ne peux pas, je me laverais à 23 h. Après la rupture, je prépare le thé et juste après nous partons à la mosquée, et il y a la vaisselle à faire. Pendant le ramadan ou non, je n’ai pas de repos ». Sans parler de son bébé qu’elle entretient. Quel traumatisme !

Connaissez-vous aussi une Mariam ?

Elles ont quitté leurs connaissances et proches pour une union sacrée. Elles sont nos sœurs qui n’ont droit à aucune activité pécuniaire, certaines instruites d’autres non. Par les stéréotypes de la société, leur place n’est que dans la cuisine. Alors que les religions monothéistes prônent toutes le respect de la femme. L’imam de notre quartier m’explique ceci un jour, Dieu déclare « comportez-vous convenablement envers elles. » Il fait suivre de ce verset coranique un hadith du prophète Mohamed qui dit « seul un individu généreux se comporte généreusement avec une femme et seul un être ignoble est capable de les humilier. » Alors, nous comprenons tout le respect réservé à la femme. Ainsi que l’importance de la respecter.

N’est-il pas temps pour nous d’aider nos épouses et sœurs. Ce n’est même pas une question d’aider, mais de faire notre devoir d’époux et de frères. « Seules les femmes qui souffrent en foyer enfantent les enfants bénis », cette phrase est-elle une vérité absolue ? Elles ont aussi droit au repos. Faire des travaux ménagers une corvée pour la femme, est aussi une violence basée sur le genre.

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Auteur·e

maiga

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