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Mali : Bamako sous les menaces de l’inondation

Des quartiers mal aménagés, les caniveaux très petits, leur curage mal fait, la saison de pluie est synonyme d’inondation, de dégâts matériels et de perte en vies humaines.


À Bamako, le curage des caniveaux a commencé dans plusieurs quartiers. Depuis plus d’un mois, des groupes de jeunes sont à pied d’œuvre pour préparer l’évacuation des eaux de pluie. Mais les menaces d’inondation planent encore sur la ville. En mai 2019, on s’en souvient, une dizaine de personnes ont été noyées dans les eaux de la pluie. Des maisons détruites, des animaux, des véhicules et autres biens emportés. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estimait les dégâts de cette inondation à 368 ménages touchés dont environ 2500 personnes sinistrées, 124 maisons détruites… Elle estimait le nombre de têtes de bétails emportées à 57.

Absence de normes

inondation bamako
Les ordures non ramassés, caniveau petit.
Hamdalaye ACI.

Les caniveaux sont mal aménagés pour l’évacuation des eaux. À chaque saison des pluies, les eaux montent dans la capitale. De ce fait, toutes les voies d’accès se retrouvent inondées, de la rue aux routes principales. C’est ainsi, dans certains quartiers comme Banconi, Niamakôro… où les dégâts sont très souvent énormes. « La plupart des caniveaux sont trop petits et, par conséquent, n’ont pas une grande capacité d’évacuation des eaux de pluies », constate Mouhamed Niaré, un jeune de N’golonina en commune 2. Il affirme que chaque année, surtout au mois de mars, ils forment un groupe pour enlever le sable et les ordures dans les caniveaux. « Ce curage permet certes de diminuer considérablement les inondations, mais ne peut les empêcher, étant donné que la municipalité est souvent absente pour ramasser les ordures aux abords des caniveaux », a-t-il déploré.

Comme monsieur Niaré, une grande partie de l’opinion publique pense que les autorités n’ont pas une bonne politique pour faire face aux risques d’inondations, car même les nouveaux canaux d’évacuation des eaux sont petits. Le curage est mal fait. Le tas qui sort des caniveaux reste au bord de la route pour être plus tard déversé dans ces mêmes faussés.

Constructions anarchiques

Ousmane Tangara, un habitant de Banconi (un quartier de la commune 1 du district), trouve que le problème est juste et partagé : « Dans mon quartier. Il y a des gens qui sont sur une colline et, juste à côté, d’autres sont comme dans un fossé. Toutes les eaux qui couleront d’en haut iront bien évidemment en bas. Donc on n’y peut rien. »

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Une partie de Missabougou, construite pratiquement sur une terre inondable

C’est ainsi que Binta Thiam, habitante à Niamakoro (commune 5 du district), tient pour responsable et les autorités et quelques particuliers : « Les maires veulent juste se faire de l’argent, ils vendent les marigots et même les endroits inondables par le fleuve. Ils ne se soucient des dangers auxquels leur acharnement expose les populations. » Elle est plus étonnée par les personnes qui achètent ces parcelles parce qu’elles ont les moyens, se permettent de les remplir pour réorienter le cours des eaux. « En construisant de la sorte, ces personnes mettent plusieurs vies en dangers, car en changeant de direction, les eaux peuvent faire des dégâts aux alentours, et c’est ce qui arrive souvent. » Pour elle, toute personne qui construit dans un marigot est un assassin car elle met sa vie et celle de sa famille en danger.

Les vieux démons de l’inondation vont-ils surgir en cette nouvelle saison de pluie ? Le problème est très loin d’être résolu sans davantage d’actions.

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Auteur·e

maiga

Commentaires

Mouctar Douyon
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Un agent très pou la protection de l environnement et bon courage